San Francesco del Deserto
L’île de San Francesco del deserto est une île à l’écart du tourisme de masse puisqu’elle n’est accessible qu’en bateau privé. Elle abrite un monastère franciscain fondé au XIIIème siècle, dans lequel vit encore une petite communauté de 5 moines.


L'avis d'Oriane & Angel
Oriane : tu as vu ces mouettes sur les “bricole”? Elles nous regardent bizarrement, non ?
Angel : elles ne voient pas trop de touristes, on leur fait de l’animation.
Oriane : Mais non, regarde le panneau: elles mettent la pression en fait.
Angel : Tant qu’elles ne nous traitent pas avec des noms d’oiseaux…
Oriane : Je crois que San Francesco d’Assisi (Saint François d’Assise) les a bien apprivoisées, elles sont plus polies que celles du ghetto nuovo qui nous ont volé les fritelle dans notre fable.


Visiter l’île de San Francesco del deserto
Visiter l’extérieur du monastère
La petite île de San Francesco del Deserto est entourée de cyprès et offre une vue imprenable sur la lagune avec en particulier les îles toutes proches de Burano et Mazzorbo.
L'accueil du monastère de San Francesco del Deserto
Il est 15H, nous venons d’arriver sur l’île bordée de cyprès, nous sonnons à la porte du monastère. Un frère, parmi les 5 présents en permanence sur l’île, ouvre la porte du monastère franciscain et nous accueille avec chaleur. Il nous explique l’histoire du frère François, nous présente le monastère en nous faisant visiter les parties qui ne sont pas réservées aux frères. Environ 1H de visite très intéressante!
L’histoire de la venue de Saint François d’Assise sur l’île de San Francesco del Deserto et la fondation du monastère.
Le frère François, parti de la Terre Sainte, est arrivé en Egypte pendant la cinquième croisade. Pour quitter la guerre, il prit le premier bateau disponible, une embarcation vénitienne, qui l’amena sur cet îlot en 1220.
A cette époque le centre de Venise était situé sur les îles de Burano et Torcello voisines. Cette île s’appelait l’île des 2 vignes.


Angel : Pourquoi le frère François a t’il choisi cette petite île plutôt que le centre ville?
Oriane : Souviens toi, le frère qui nous a reçu au monastère a évoqué 2 hypothèses:
la nécessité d’une quarantaine ou plus probablement, l’habitude du frère François de choisir dans ses voyages un lieu inspirant, à l’écart du monde pour prier, méditer et trouver un lien très fort avec Dieu. La première hypothèse est très peu probable car les épidémies nécessitant des quarantaines ont eu lieu bien plus tard (au milieu du XIVème siècle), et ces quarantaines s’effectuaient plutôt sur l’île de Lazzaretto Vecchio.
Ce qui est certain, c’est que Francisco fut accueilli par le chant des oiseaux, comme le raconte San Bonaventura da Bagnoregio, son biographe. Il s’y sentit si bien qu’il y fonda un monastère. En 1233, c’est à dire seulement 13 ans après l’arrivée du frère François, et 5 ans après sa canonisation, le propriétaire de l’île, Jacopo Michiel en fit donation à “l‘ordre des frères mineurs” avec un acte notarié, conservé en archive à Venise. Sur cet acte est détaillé l’existence de deux petites églises, dont une construite par les frères en 1228 avec San Antonio di Padova lorsque le frère François fut proclamé Saint par le pape. L’autre petite église devait être une église préexistante à l’arrivée de Saint François, et qui devait servir aux propriétaires de l’île.
En 1453, Pie II concède l’île aux Frères Mineurs Observants, qui restaurent l’église et le couvent puis construisent le cloître Renaissance. Quarante ans plus tard, Clément VIII y installe les frères mineurs réformés, qui l’habitent sans interruption jusqu’en 1806.
A cette époque le monastère est devenu une caserne militaire française puis austro-hongroise, les frères étant déplacés au couvent de Saint-Bonaventure à Venise.



La règle du silence
Dans l’île, il existe un décret de la Sérénissime datant de 1510, encore en vigueur aujourd’hui, qui sanctionne d’une amende les personnes qui blasphèment, jurent ou font du bruit.
Oriane : dans le groupe de touristes, il y avait “une pie” qui piaillait en italien, en permanence… Elle risque gros avec ce décret.
Angel : Crois-tu qu’on aurait du mettre un mot dans la bocca di leone du palazzo ducale?
Oriane : Oh, malheureusement, je pense que ça aurait été inutile. Les frères du monastère de San Francesco del Deserto, comme tous les franciscains, sont les meilleurs amis des oiseaux.
Angel : oui, mais seulement des vrais oiseaux. Ceux qui s’arrêtent de chanter le temps de la prière et reprennent leur mélodie dès la fin, comme Saint François d’Assise le leur a appris.





Le nom de San Francesco del Deserto
Angel : Pourquoi l’île s’appelle-elle San Francesco del deserto?
Oriane : En 1422 lorsque la malaria s’est diffusée dans la lagune vénitienne, les frères franciscains sont partis durant 20 ans de l’île. Les habitants de Burano ont alors rebaptisé l’île: Isola del Deserto.
Angel : mais les oiseaux, eux, sont restés! Et faute de prière, ils ont certainement repris leur chant continu. Les habitants des îles voisines auraient pu l’appeler “San Francesco degli uccelli” en signe de reconnaissance!
Oriane : tu as raison, je suis sûre que ça n’a pas plu aux oiseaux… Ça doit venir de là, les “Angry birds”.

Le retour des franciscains sur l’île de San Francesco del Deserto et son histoire récente
En 1856, l’empereur François Ier d’Autriche a fait don de l’île au patriarche de Venise, qui l’a à son tour accordé à perpétuité aux frères mineurs franciscains, qui y sont retournés après plus de six cents ans.
Les français de Napoléon ayant pris les cloches pour les fondre, les franciscains en 1857 ont récupéré les cloches de l’église qui était à l’emplacement de la Gare Santa Lucia de Venise.
Oriane : c’était après Pâques?
Angel : Je ne sais pas. Pourquoi cette question?
Oriane : parce que les cloches ne peuvent pas voler si on les fait fondre.
La visite du monastère
Lorsqu’on regarde depuis l’entrée du couvent, on voit deux parties. Celle de droite date du XIIIème siècle et était destinée à l’hôtellerie. Aujourd’hui y demeure les frères. Celle de gauche correspond à l’antique aile du couvent mais elle a été totalement restaurée au début du XVème siècle grâce au don d’une noble vénitienne, Frangola Giustinian.
Le premier cloître date du XIIIème siècle mais le toît et les colonnes détruits suite au démantèlement des ordres religieux par Napoléon en 1806, ont été remplacés durant la seconde moitié du XIXème siècle, lors du retour des frères. L’ancien dallage en antinelles, à environ 50 cm de profondeur, est bien conservé sur 4 zones.

Le second cloître, de la deuxième moitié du XVème siècle, est d’origine. Il est l’œuvre du frère Nicolo Erizzo, gouverneur du monastère de 1451 à 1460. Il est adossé à la partie antique du XIIIème siècle. Il donne accès au réfectoire et aux ateliers au rez-de-chaussée et à la bibliothèque et aux cellules des frères à l’étage. Son portail est en gothique fleuri avec un motif à pointe de diamant qu’on retrouvera dans l’église.

L’église est de style franciscain qui va à l’essentiel: simplicité et sobriété. Cela favorise la concentration pour les prières. Elle fût construite en 1401 grâce au don de Frangola Giustinian. Elle possède une seule nef et un toit à charpente apparente. A travers des grilles on peut observer les vestiges de l’ancienne église du XIIIème siècle. L’église a subi plusieurs modifications au cours des siècles. La structure du chœur actuel par exemple, date du XVIIème siècle.
En 1920, pour l’anniversaire des 700 ans de St François, l’église a été rénovée dans un style néo-gothique. Mais en 1960 l’église est de nouveau épurée dans le fameux style franciscain.
En plus des pavements qu’on a pû observer dans la nef, des vestiges de la première petite église sont observables à l’extérieur, en particulier les fondations de son chœur.
Quand les frères sont revenus sur l’île, ils ont construit l’oratorio di San Francesco, une petite chapelle qui donne sur une petite cellule où on peut voir une statue du Saint en prière. On y lit la citation suivante : “Hic est locus ubi oravit seraphicus pater Franciscus” (“C’est l’endroit où le Saint Père François a prié”). Face à San Francesco on remarque un petit vitrail de Fulvio Pendini.



Angel : que peut bien faire cette femme cachée tout près du lieu de prière du Saint?
Oriane : officiellement il s’agirait du recyclage d’une pierre qui décorait peut-être un édifice écroulé. elle aurait donc été placée là par hasard…
Angel : non, non, non! Cette explication ne me convient pas. Le hasard n’existe pas!
Oriane : alors qu’elle est ton hypothèse?
Angel : je crois que cette image féminine cachée pourrait associer St François d’Assise à un message universel, grâce à l’alliance entre le masculin et le féminin…

Une chapelle fut construite au siècle dernier et dédiée au Sacré Coeur. Le tombeau du Père Bernardino de Portogruaro, général de l’ordre qui a reconduit les frères dans l’île et permis la restauration du couvent, y a depuis été installé. Cette chapelle s’appelle maintenant la chapelle du Père Bernardino.

